Avant même de ressentir la douleur, il sentit un souffle frais lui caresser la joue, puis il entendit le bruit sourd que fit la main en le frappant. Bientôt, il sentit son visage le brûler, sans qu'il ait la moindre envie de pleurer. Cette douleur lui parut salutaire car sa réalité était si tangible qu'elle l'empêchait de penser à autre chose. Grâce à cette gifle, le tumulte de ses pensées s'était enfin apaisé pour s'unir face à cette sensation qui le picotait. Il se sentit enfin libéré de ses tourments.
Et son regard dut le dire: il dut paraître insolent, emplis de mépris et de fierté. Il s'attendit donc, inconsciemment, à ressentir les mêmes sensations une nouvelle fois mais à sa grande surprise son libérateur s'effondra contre sa poitrine: en larme, martelant de petits coups son torse. Il fut surpris, un peu désarçonné. Cela ne correspondait pas à ce qu'il attendais, en plus cette douleur qui nimbait à présent son esprit l'empêchait de faire quoi que se soit. Ne sachant que faire il se laissa aller à écouter son instinct et il la serra tendrement dans ses bras, de manière un peu gauche. Avec cette étreinte il partagea la détresse de cette femme, qui réconfortée se laissa aller à son chagrin. C'est alors que sa joue lui parut si douloureuse que ses yeux le picotèrent. Il sentit alors, dans sa poitrine qui se gonflait, enfler un tremblement,et il sentit qu'il allait exploser de tristesse. Mais il fit tout son possible pour le cacher, poussé par un stupide orgueil, par cette obligation qu'on tous les hommes à paraître plus fort qu'ils ne le sont. Malgré tout il ne put cacher quelques tremblements convulsifs. Cela n'échappa pas à la jeune femme qui sourit dans sa tristesse. Ainsi il n'était pas si cruel et si insensible qu'il ne l'avait laissé entendre ! Elle se remémora alors comment toutes cette histoire avait commencée.
Ce fut lors d'une soirée d'anniversaire chez l'une de mes amies que je le vit pour la première fois. Il arriva légèrement en retard. Son entrée fut remarquable. Son pantalon noir en tissu léger, semblait frissonner, il chatoyait de manière, discrète mais captivante. Plus haut une chemise blanche, délicatement brodée jusqu'au col d'une fine bande, représentant des fleurs multicolores, ondoyait à chacun de ses mouvements. Ses manchettes assez longues étaient fermées de boutons de nacre blanc qui faisait ressortir les rayures blanc cassé qui au premier regard échappaient à la vue. Tout en lui était à la fois simple et recherché. Il ne portait ni montre, ni gourmette, ni chaînette, il était dépourvus de tout bijoux et cela semblait être un message à l'attention de tous. Il semblait vouloir dire par là, et par sa mise que les bijoux et l'argent ne faisait pas le charme mais plutôt les vêtements et surtout la manière que l'on avait de les porter. Il ne détonnait pas et pourtant je le classifiait tout de suite comme étant un marginal. Il ne m'avait jamais été de donné de contempler un tel homme, et cela du se voir. Lorsqu'enfin je m'attardais sur ses traits, je sentie mon coeur s'emballer et mes mains trembler. Il avait le profil fier et noble, d'une harmonie sans tâche, dont le nez long et arqué semblait vouloir indiquer que c'était là un homme qui ne reculait devant aucune menace. Son visage de trois quart, était cependant légèrement émacié, à la manière des gens un peu maigre. Cela et son regard d'un bleu sombre lui donnait un air triste, qui faisait tout son charme. Pourtant son absence de ride, sa peau lisse et sa faible pilosité indiquait qu'il était encore jeune, peut être même le plus jeune des hommes ici présent. Cela se ressentait aussi dans la mobilité de ses traits et surtout de ses sourcils, qu'il avait assez épais mais qui ne le paraissait pas du fait de leur extrême blondeur. Sa bouche, un peu trop longue possédait des lèvres fines dont la teinte ne tranchait que très peu avec sa peau claire. Cela incitait les gens à regarder ses yeux lorsqu'il parlait. L'impression qu'il me fit fut violente et irréversible. Il me faisait trembler tellement je me sentais d'élan pour lui, il me faisait rougir tant je souhaitais lui cacher l'effet qu'il me faisait, il me faisait souffrir tant je voulais deviner ce qu'il pensait de moi. En un mot, dans les minutes qui suivirent son arrivée, avant que je ne pu me ressaisir, je pense qu'un seul de ses regard m'aurais fait défaillir. Je finis par détourner de lui mon regard, sans pouvoir détaché de lui mes pensées. Je me demandais les raisons qui pouvait faire paraître triste un jeune homme aussi bien mit et qui devait faire fondre toutes les femmes. J'envisageais qu'il sortait d'une longue et douloureuse relation mais cela ne semblait pas coller. Alors que j'étais plonger dans mes interrogations, je ressentie une douleur dans les côtes qui me fit sursauter. C'était Léa qui commençait par s'impatienter. Elle me demanda à quoi je pensais pour la troisième fois. Je lui répondis sans détour: "Qui est cet homme qui vient d'entrer ?", elle fut surprise de ma réponse. Après une ou deux seconde de silence Léa me répondit en un murmure: "C'est Gilles, un charmeur, intelligent mais fainéant, désinvolte." puis de manière plus audible, "Il n'use pas de son charme et pourtant il pourrait faire les plus belles conquêtes. Les filles qui en ont entendu parler évitent de l'approcher, car peu de celle qui l'ont fait sont parvenu à ne pas tomber amoureuse de lui et toute celle qui le sont devenu ont beaucoup souffert. Alors écoute moi bien ! Tu va te hâter de l'oublier et si tu n'y parviens pas tu va faire ce qu'il faut pour ne pas tomber dans son piège ! Surtout ne va pas t'imaginer que tu peux le séduire !". Mais il était trop tard, je me voyais déjà pendue à son bras. Et je ne pensais déjà plus qu'à la manière de l'approcher. Les dernières phrases que mon amie avait prononcées aurait pu ne pas l'être qu'il n'y aurait pas eu de différence, je ne les avais pas entendues.