Son odeur était encore si présente qu'en fermant les yeux je pouvais l'imaginer marchant à mes côtés. Pourtant la torpeur qui lentement me glaçait le cœur prouvait que nous étions maintenant séparés par un fossé. Je ne savais plus que faire, ni que penser. Je sentais la nuit m'engloutir, les ténèbres me murmuraient des mots doux tandis qu'elles me happaient, m'emmenant chaque fois plus profondément dans l'abîme de mon désespoir. Je sentais que je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller, surtout pas en ce moment, mais je savais que quoi que je tente la déferlante de mes sentiments me submergerait. C'en était trop pour moi, je devais me soulager d'une partie de mes tourments et bien que je déteste le réclamer il me fallait le réconfort d'un ami. Mais avant ça il fallait que je réalise ce qui venait de se produire. En réalité, je n'avais pas vraiment envie de me confier, je voulais juste penser à autre chose.
Tout perdu que j'étais dans mes réflexions, mes pensées fidèles à mes préoccupations me conduisait pas à pas à revivre cette scène. J'aurais préféré que cela eusses été un rêve. Ça ne l'était pas... Le pincement de mon cœur en était le témoin. Cela faisait un quart d'heure que j'étais dehors et que mes pas m'éloignait dans ma douleur.
Ça y est j'y suis. Je peux voir les gens qui travaillent autour de moi, je suis devant mon bureau. Le téléphone sonne, je décroche. La voix synthétiques m'annonce : « Vous avez un nouveau message du 06..., aujourd'hui à dix heures et vingt-deux minutes ». C'est Delphine. – J'ai besoin de toi, dit-elle, je souhaite te voir au plus vite. Rappelle-moi –. Bien que j'eus conscience du caractère pressent de sa démarche, je ne sais quel démon me poussa à remettre à plus tard ce coup de fil. Ainsi, je pris mon temps pour régler mes affaires et étant assez occupé cela me mena tard dans l'après-midi. Au moment de quitter le bureau je me rends compte avec horreur que j'ai oublié son appel. Je m'empresse, soudain pris de remord, de composer son numéro. – Allô ? Delphine ? – Oui – D'accord – Je te laisse choisir – Très bien – Quelle heure ? – Entendu, vingt heure devant chez toi – A tout de suite – Oui, à toi aussi –. Elle ne me révéla rien... J'ai maintenant rendez-vous ce soir pour un dîner au restaurant. Je ne sais pas où je vais mais je me doute qu'il me faille être à l'heure. Je rentre donc au plus vite chez moi afin d'avoir tout le temps nécessaire pour me préparer. Eh oui, j'ai ce défaut ou cette qualité, d'être assez soucieux de mon apparence. Avant de choisir mes vêtements, je me toilette avec soin . Je n'ai ni l'envie de paraître trop sérieux, ni celle de paraître négligé. J'aime avoir une certaine prestance. Je me décide après un court moment de réflexions pour un pantalon beige, la veste assorti et une chemise noir sans cravate. Je regarde ma montre et je m'aperçois avec soulagement que pour une fois je ne suis pas en retard. J'attrape les clés de la voiture et c'est avec une joie toute enfantine que je m'élance sur les routes. Il est des choses comme ça dans la vie qui nous rendent heureux sans que l'on comprenne bien pourquoi. Et celle-ci en était une.
C'est un peu fébrile que j'arrive devant chez elle. Avant même que je n'ai eu le temps de presser la sonnette je la vois surgir sur le perron. Apparemment elle m'attendait avec une vive impatience. Nous montons dans la voiture. Elle me donne deux ou trois information sur notre destination et nous voilà partis. Je suis surpris du lieu ou elle m'emmène, tant et si bien que je ne cesse de lui demandé si elle ne s'est pas trompée. Et elle me réponds chaque fois d'un petit rire en m'assurant que c'est bien par là. Enfin nous arrivons. C'est un restaurant installé en rase campagne qui ne compte de toute évidence que sur la qualité de son service. Je ne vois guère de gens faire tout ce chemin pour un restaurant des plus banal. Je me régale d'avance. Je constate aussitôt que mes hypothèse était fondé. Puisqu'on nous invite gentiment à patienté, faute de réservation. Le maître de service nous invites gentiment à nous installé dans un petit boudoir attenant à la salle de restauration. Ce fut pour moi la première occasion de constater tout le soin que Delphine avait apporté pour se vêtir et pour se maquiller. Elle portait une élégante petite robe noire de flanelle que rehaussait en couleur un ruban de soie rouge autour de son cou, accordé avec ses escarpins. Son maquillage sobre accentuait les traits les plus rieurs de ses expressions et donnait plus de profondeur à son regard, tandis que son chignon faisait ressortir l'ovale de son visage. Il était très réussit maintenu par deux baguettes ornées de motifs abstraits. Je ne pu m'empêcher de penser au temps qu'elle avait dû mettre pour se préparer tant je la trouvais bien mise.
Le repas fut charmant, elle n'était que légèreté, rire et gaieté, tandis que je la regardais briller en souriant gentiment. Je ne parvenais pas à soutenir sa gaieté, j'éprouvais comme une sorte de blocage. Il faut dire que ces derniers temps son comportement me dérangeait un peu. J'avais l'impression qu'elle avait perdu ses repères, qu'elle n'avait plus pied dans la réalité. Ce dont je ne me doutais pas c'est que par cette attitude elle cherchait à fuir ses malheurs. A moi elle ne montrait rien de sa tristesse intérieure et je ne pouvais m'empêcher de porter un jugement négatif sur ce qu'elle faisait, faute d'en savoir suffisamment. Tout ce que je savais c'est que dernièrement elle s'était amusé d'un garçon comme un chat aurait joué d'une souris. Elle l'avait mené par le bout du nez usant envers lui d'une cruauté toute mesuré et tirant de lui tout ce qui pouvait l'être. Finalement elle l'avait abandonné. Je lui avait tout de mêle trouvé une excuse. Je la croyais très amoureuse de son ex, Marc. Et je pensais qu'elle se vengeait en se comportant de cette manière. Je ne pouvais pas deviner à quel point j'étais loin de la vérité. Elle s'était séparé de Marc il y a quatre mois, et pour moi, contrairement à ce qu'elle voulait bien laisser paraître, ça l'avait plus affecté que ce qu'elle ne l'imaginait. Je finis par me dérider avec le dessert. Et ce fut vraiment plaisant. Le repas se finit sans qu'elle ne m'ait parlé de son soucis et je ne comprenais vraiment pas. Mais je n'éprouvais pas le désir de la contrarier en insistant pour qu'elle me le dise. Je la raccompagnais chez elle.